Guillaume de Machaut: Le vray remède d'amour Descriptions du produit:
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- Rang parmi les ventes Amazon: #190720 dans Musique
- Marque: Cantus
- Sorti le: 2007-07-10
- Nombre de disques: 1
- Dimensions: .41 livres
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3 internautes sur 3 ont trouvé ce commentaire utile.BALLADES, RONDEAUX, VIRELAIS ET MOTETS debut XIVème Siècle
Par Mr. CHRISTIAN GIGAUD
C'est toujours un plaisir d'écouter des oeuvres de Guillaume de Machaut, surtout quand elles sont interprétées par l'ensemble Gilles Binchois. L'enregistrement est excellent. L'utilisation des instruments qui, dans ces polyphonie prend la place de la voix (et vice et versa) nous restitue à merveille l'interprétation comme elle devait être avec Guillaume de Machaut."Toutes les mesures de sons, de mots et de grammaire...sont mobilisées pour réconcilier la rime et la raison"Le livret est presque luxueux, très bien présenté avec les traductions en Français qui permettent une meilleure compréhension.
4 internautes sur 8 ont trouvé ce commentaire utile.De l'amour courtois à l'amour de Dieu
Par Jacques COULARDEAU
Oeuvre entièrement dédiée à l'amour, musique un peu lancinante et très répétitive en accord avec la forme poétique de Guillaume de Machaut qui se complaît dans cette circularité qui n'en finit pas de tourner les pages en avant et en arrière comme pour s'enchaîner dans le sentiment exprimé, celui d'un amour infini de l'âme qui comme s'hypnotise elle-même à la vision de la beauté de la femme. Mais voilà que la rébellion est venue à terme du fait de l'insatisfaction, de la frustration, de la vexation, de l'humiliation que l'amour courtois apporte, un amour associé à l'hypocrisie. Un intermède musical trouve la vigueur de tambours qui résonnent comme les pas lourds de celui qui n'en peut plus d'attendre. La musique prend alors une facture qui a survécu jusqu'à nos jours dans les musiques de nos montagnes ou d'Irlande. C'est donc des profondeurs matérielles que monte cette frustration. Mais les pulsions profondes sont refoulées et rejetées au profit à nouveau de la soumission dans une polyphonie très dominée. C'est l'énumération de tous les instruments de l'ensemble qui créent l'unité de la musique et de l'harmonie, tous les instruments disponibles en ces temps anciens. Il illustre cela d'une pièce musicale qui montre à la fois l'unité de l'harmonie et du tempo, du rythme, les deux jouant sur des variations dans le cadre d'une répétitivité mélodique certaine. Une voix de femme claire monte scandée de notes égrainées sur une corde, à la fois mélodie et scansion. On est revenu à l'amour satisfaisant dans sa pureté d'un point de vue de femme qui trouve sa satisfaction dans une contemplation visuelle et auditive de son propre caeur centré sur la jouissance du sentiment amoureux en lui-même. L'homme revient avec son amour absolu pour le visage de la femme, presqu'un fétichisme, retour à l'imagerie du début de l'aeuvre. S'ensuit un motet dédié au Christ de lumière pour qu'il intervienne pour imposer la paix, le repos, la justice sur terre mais cela mène à une ambiguïté, celle de la paix vers laquelle on veut partir, la paix éternelle au-delà de la mort. De la paix sur terre on est passé à la paix céleste, non une compensation mais un glissement, un transfert tout autant qu'une contradiction. Paix et guerre coexistent sur terre comme un souhait entre terre et ciel, la paix du ciel comme promesse à gagner dans la guerre du monde. On notera que ce long motet est en latin alors que le reste du texte est en français. Guillaume de Machaut nous propose sa version - bien antérieure à « l'original » - du sonnet des couleurs de Rimbaud, centrant toutes les couleurs sur le bleu azur, couleur de la loyauté courtoise en amour. La femme revient avec sa plainte face à l'ami qui l'a oubliée et se réfugie dans la dénégation totale d'amour. La pièce instrumentale qui suit est d'une douce nostalgie qui exprime la tristesse du manque autant que le repos serein de la renonciation. Guillaume de Machaut a l'art d'exprimer des sentiments doubles comme ceux-là. Il excelle à mêler des tons mineurs qui virent au majeur comme par enchantement. On trouve l'inverse parfois toujours pour exprimer l'ambiguïté, la contradiction. La femme exprime, en polyphonie masculine, toute sa souffrance face à la négligence, l'abandon dont elle est l'objet. Cette longue lamentation aux accents mineurs presque poignants de ces deux voix d'hommes qui se contrastent et se complètent comme deux caeurs à jamais séparés. Cette femme dont le caeur meurt d'amour, se languit dans le désir de retrouver l'ami, peut-être, de partir à jamais. L'homme revient pour exprimer à son tour l'abandon, l'attente de la satisfaction qui ne vient pas. Une pièce instrumentale exprime alors la langueur de cet ami qui aime sans retour. L'homme évoque son terrible dilemme. Gai, dansant, heureux en un mot, en public sur une musique entrainante, tambours et autres percussions donnant un tempo fort, soutenu. Pourtant, au plus profond, c'est la douleur de l'insatisfaction. C'est à Dieu qu'il demande une intercession auprès de la dame pour qu'elle réponde à son amour. L'homme rêve de voir sa dame. Cela devient une prière à sa dame de satisfaire son désir de la voir. Il compare sa dame à une rose épanouie dans son jardin complètement dévasté. Son dilemme est de la garder dans sa beauté et donc l'impossibilité pour lui de la cueillir car la cueillir serait la tuer et avec elle son amour. Il se doit d'aimer en admirateur qui ne sera jamais satisfait. La chanson reflète la beauté de la fleur, la beauté du sentiment et la langueur devant l'intouchabilité de la fleur. Il a peur que la distance de la dame, son enfermement dans sa douleur qu'elle cause elle-même par sa distance ne fasse périr la rose, l'amour. L'homme adresse une prière à « mon caeur, ma saeur, ma douce amour » qui risque par hauteur et refus de tuer l'amour lui-même. L'amant, tout courtois qu'il soit, a besoin de satisfaction. La prière devient une incantation presque rituelle, magique ou pire encore, pour n'ouvrir que sur un motet à la mère du Christ, à la Vierge, à l'amour détourné de la Dame et orienté entièrement sur Nostre Dame, la religion, l'au-delà, la vie éternelle. L'amour qui guérit tout est l'amour pour Nostre éternellement vierge Dame, tous les jours, toutes les nuits de notre vie d'insatisfaction ici-bas. On est loin d'Adam de la Halle, et de ses Robin et Marion, des amours séculières du village. On a atteint le niveau supérieur de l'amour spirituel parfait qui clôt cette aeuvre de son latin, la langue de la divinité. Avec un envoi en français, à la fin de l'envoi je touche, et il touche effectivement de sa loyauté et de son amour.
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