Dusapin - Roméo & Juliette Descriptions du produit:
Détails sur le produit
- Rang parmi les ventes Amazon: #122349 dans Musique
- Sorti le: 2003-01-14
- Nombre de disques: 1
- Format: Import
Commentaires clients
Commentaires clients les plus utiles
2 internautes sur 2 ont trouvé ce commentaire utile.Rien ne sert de courir j'ai tellement de choses à faire
Par Jacques COULARDEAU
Encore une adaptation, vous allez me dire. Mais il s'agit d'un opéra, alors ? Depuis Bellini quoi de neuf ? Gounod et Berlioz, me direz-vous, et vous aurez raison. Et pourtant le neuf n'est pas dans ce romantisme qui affadit la souffrance ni dans le luxe et même les flonflons un peu cosmétiques et très hypocrites de l'Opéra Garnier de la Troisième République laïque et moralisante. Il manquait une vraie réécriture musicale de la tension du drame de Shakespeare, sans larmoiements ni sauce romantique. Pascal Dusapin réussit son pari car il comprend que c'est la stratification mentale de la société féodale ou postféodale de Vérone qui produit le drame parfaitement prévisible en ces temps de libération mentale justement de la chape de plomb d'un catholicisme totalitaire chez les adolescents. Pascal Dusapin joue sur des stratifications qui s'empilent et se croisent les unes sur les autres, les unes avec les autres, les unes dans les autres. Anglais contre français, chanté contre parlé, psalmodie contre prosodie, hommes contre femmes, récitant extérieur contre personnages directs, réflexion intérieure contre événements extérieurs, et bien sûr toutes les couches de musique qui se contrastent sans cesse les unes contre les autres. Il n'hésite même pas à mêler les niveaux de langage et de discours de ces adolescents comme s'ils étaient des lycéens capables de faire leurs mathématiques maintenant et de se conter une amourette ensuite, puis de retomber dans de la philosophie et de repasser à la passion du siècle qui leur déchire l'âme, le caeur et bien sûr le corps. On peut donc alors entendre la bête immonde de la dictature des us et coutumes et des habitudes qui rugit comme un cri de guerre et râle comme son dernier souffle. Quand émerge alors une phrase que nous comprenons, en français ou en anglais, nous comprenons que dans ce monde monstrueux qui mène à la mort tout aussi sûrement que le jour mène à la nuit veut nous faire une confidence, nous donner un point de repère dans le chaos tragique qui en devient cosmique, surtout quand un adolescent imberbe nous récite les règles qui gèrent le mouvement des étoiles et des astres. Ou bien c'est une poignée de notes que nous reconnaissons comme venant d'une chanson que nous connaissons. Et les litanies qui entourent et enferment ces moments de clarté deviennent alors les lamentations cosmiques d'âme de pêcheurs involontaires tombées dans un trou noir sidéral. Et la fin est là et Roméo et Juliette se lamentent dans leurs morts réciproques et simultanées, même si elles sont successives. On a tout autour les qu'en-dira-t-on qui murmurent et susurrent des mots sans tête ni queue, et ici et là une voix moralisante ou politisante qui identifie ces deux ados déphasés comme de dangereux rebelles à l'ordre social. Et les derniers mots « ridicules ... admettre la ... vérité » et quelques autres adieux de Roméo sont comme des coups en plein caeur qui nous forcent à nous poser la question de la définition de ces rebelles, et la musique et ses longues notes d'un instrument à vent totalement seul, abandonné, donne à cette fin la forme indispensable d'une descente aux enfers modernes, une descente dans le silence et dans l'oubli des autres, mais plus encore dans l'oubli de soi-même. La mort n'est-elle pas justement cet oubli de soi-même ? On peut alors avoir un épilogue en forme de fanfare de rue qui tourne un peu aigre et très mineure, très dé-cadencée, très maelstrom lent et narcotique et quelques accords, quelques lambeaux de phrase surnage sur le carnage et quelques voix de pleureuses scandent ou tiraillent nos sentiments d'une injustice, d'un avenir bouché, d'une totale absence de perspective dans une société qui ne semble pas bouger d'un iota quand tout autour pourtant s'énerve et s'époumone à hurler le changement. Et cela tourne à un Ténèbre qui descend dans quelque tombeau. Et le début de cet opéra nous revient en tête. « L'orage qui s'annonçait, les nuages menaçants » « Jamais je ne m'y résoudrai » « L'extraordinaire aventure » « La violence résout les problèmes politiques » Vraiment ? « Rien ne sert de courir » « Et Dieu était tourné vers lui » ou bien ne serait-ce pas « Les yeux étaient tournés vers lui » « Où et quand puis-je te voir » « Je dois commencer je n'ai rien à perdre » Vraiment ? « Advienne que pourra » « Le ciel t'aidera ». On a dit cela depuis des millénaires et pourtant les drames tragiques continuent à s'empiler. Et a-t-on appris quoi que ce soit de ce début à la fin ? N'avons-nous pas une fable qui va se répétant de décennie en décennie sans jamais s'auto-démentir.Dr Jacques COULARDEAU, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne & Université Versailles Saint Quentin en Yvelines, CEGID Boulogne Billancourt
1 internautes sur 1 ont trouvé ce commentaire utile.Un très bel Opéra de Pascal Dusapin, très bien interprété
Par JRL
Pascal Dusapin est né en 1955 à Nancy. Il a étudié, en tant qu'auditeur libre, avec Olivier Messiaen (1908-1992) au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, puis avec Iannis Xenakis (1922-2001) entre 1974 à 1978, enfin avec Franco Donatoni (1927-2000) au cours de séminaires de composition. Il a été pensionnaire de l'Académie de France à Rome de 1981 à 1983.Parmi les oeuvres majeures qu'il a composé à ce jour, on peut noter quatre « Étude pour piano », « Iti » pour violon solo, « Inside » et « In nomine » pour alto solo, « Item » et « Immer » pour violoncelle seul, « Ici » et « I Pesci » pour flûte, « Itou » pour clarinette basse, « Laps » pour clarinette et contrebasse, « Musique fugitive » pour trio à cordes, « Attacca » pour 2 trompettes en Ut et timbales, quatre Quatuor à cordes, « Sly » pour quatuor de trombones, « Lumen » pour voix de femme et six instrumentistes, « Comoedia » pour soprano et six instrumentistes, « Aks » pour mezzo-soprano et sept instrumentistes, « Fist » pour huit instruments, « Musique captive » pour huit instruments à vent, « Aria » pour clarinette et treize instrumentistes, « Qua » (In memoriam Gilles Deleuze) pour violon et quinze musiciens, « A Quia » pour piano et orchestre, « Celo » pour violoncelle et orchestre, « Watt » pour trombone et orchestre, « La Rivière », « Apex », « Extenso », « Tre Scalini » et « Assai » pour orchestre, « Khôra » pour orchestre à cordes, ainsi que plusieurs aeuvres lyriques, « La Melancholia », « Roméo et Juliette », « Medeamaterial », « To Be Sung », « Perelà uomo di fumo », ou bien encore « Faustus, the Last Night ».
Prix: Cliquez ici - Amazon.fr!
Offers: Cliquez ici - Amazon.fr!
Commentaires en ligne: Cliquez ici - Amazon.fr!
